Le grand désencombrement

Il y a quelques années, un ami m’a mentionné que depuis qu’il s’était débarrassé de ses objets superflus, il se sentait beaucoup plus libre, tant sur le plan psychologique que dans sa vie quotidienne. Honnêtement, cette révélation m’a laissé quelque peu perplexe, me demandant si je n’avais pas en face de moi une personne qui s’est soudainement mis à la recherche d’une certaine forme de spiritualité ésotérique.

Puis, lorsque nous avons développé la thématique sur le désencombrement (c’est comme ça qu’on appelle ça) dans le cadre de la Semaine québécoise de réduction des déchets, je me suis naturellement mis à penser à cet ami. J’ai alors réalisé deux choses : primo, que cet ami avait peut-être raison et, deuxio, que j’avais certainement une propension à avoir des préjugés un peu plus facilement que je ne le pensais.

Nous consommons beaucoup, nous consommons trop. Nous entreposons tous des choses chez nous que nous n’utilisons que trop peu, pour ainsi dire jamais. Nous ne mettons encore que très peu en pratique l’économie collaborative – ou de partage –, pourtant une déclinaison de l’économie circulaire. Aussi, quand nous nous défaisons de biens ou de vêtements encore en bon état, les organismes à qui nous les donnons souffrent trop souvent de manque de ressources et principalement d’espace (de vente), pour s’assurer de leur remise en circulation. Résultats : nos milieux de vie débordent ainsi que nos dépotoirs. Et la pression que nous ressentons pour nous forcer à consommer n’aide pas non plus à la cause.

Aussi, trop attachés à leurs biens ou pour ne pas s’en départir tout de suite, plusieurs préfèrent louer des espaces d’entreposage pour les conserver, dans l’espoir de jouir de leur usage dans un futur plus ou moins rapproché. Solution éphémère s’il en est une. Avez-vous également seulement remarqué le foisonnement d’espaces d’entreposage privés autour de vous ? La multiplication des centres de mini-entrepôts en ville ou en banlieue ? L’industrie de l’entreposage de biens en est une qui connaît une très forte croissance depuis plusieurs années, notamment pour entreposer des biens qui ne trouvent plus leur place dans nos logements trop petits. Avec notre mode de vie consumériste, quand viendra le temps de casser maison, ce ne sera certainement pas comme dans le temps de nos grands-parents : il faudra peut-être penser à tous ces lieux d’entreposage…

Alors, pourquoi ne pas commencer tout de suite notre désencombrement ? Il y a plein de trucs pour y arriver. Premièrement, développer de saines habitudes de consommation. « J’en ai-tu vraiment besoin ? » Attendre quelques jours avant l’achat nous donnera souvent la réponse à cette question. Faire cadeau de vos possessions à vos proches ou à vos amis qui pourraient en avoir un réel besoin peut également être une bonne façon de procéder. L’idée, c’est de nous sevrer de nos (mauvaises) habitudes de consommation… Un autre truc qu’un collègue m’a appris lorsque j’étais administrateur de la Ressourcerie de Montréal à la fin des années ‘90: le ça rentre, ça sort : vous rentrez un objet chez vous, vous en sortez un similaire que vous donnez ou allez porter à votre écocentre.

L’accumulation de biens non essentiels est vraiment un symptôme de notre société de (sur)consommation. Souvent, ce phénomène nous prive d’une certaine forme de liberté, comme si nous avions à traîner un fardeau. En économie, l’argent est souvent associé à un pouvoir libératoire qui peut nous acquitter d’une dette. Dans les faits, ce pouvoir de rachat ou d’achat comporte également une forme d’asservissement à nos possessions que nous entassons sans même vraiment nous en rendre compte.

Profitez-en pendant cette période des fêtes pour tester le désencombrement par petites doses, peut-être aller vous y prendre goût.

Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter le meilleur temps de fêtes qui soit. Et n’oubliez pas, comme l’a déjà dit un petit renard, l’essentiel est invisible pour les yeux

Post-scriptum

Je souhaite aussi une très joyeuse période des fêtes à un directeur exécutif d’Énergir qui m’a répondu lors d’une séance du BAPE que le GNR de cette société était exclusivement vendu au Québec. Réponse aussi étonnante que douteuse, surtout lorsque l’on sait qu’une analyse d’impact réglementaire sur le Projet de règlement modifiant le Règlement concernant la quantité de gaz naturel renouvelable devant être livrée par un distributeur et publiée par le Ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles en mai 2022, mentionne très clairement que c’est « environ 90 % de la production totale de GNR au Québec est exportée ».



Éditorial paru dans l’infolettre de décembre 2023

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