Les autres grands bâtisseurs

Il y a quelques mois, les gens de mon équipe m’ont inscrit sur le réseau LinkedIn. Déjà que je ne suis pas très médias sociaux, celui-là a en plus un nom pas trop facile à prononcer. Une fois inscrit et que je m’y suis un peu promené, j’ai vraiment eu l’impression d’être dans un monde parallèle, une sorte du dark web des réseaux sociaux.

J’en ai mis un peu beaucoup dans cette amorce, mais ce n’est pas trop loin de la vérité. Comme si, en pleine plongée, vous découvriez une mer dans un océan… J’ai été épaté par le nombre d’experts, consultants, gestionnaires ou formateurs en environnement – souvent autoproclamés d’ailleurs –. Je sais qu’il s’agit d’un réseau de professionnels qui veulent réseauter entre eux, et c’est très correct comme ça. Je me disais aussi qu’il y a une vingtaine d’années ou un peu plus, le milieu environnemental était somme toute un petit milieu où tout le monde se connaissait ou presque.

Je me souviens surtout que ce n’était pas toujours glamour de s’impliquer en environnement. Encore aujourd’hui, les écolos sont souvent considérés dans une classe à part, des empêcheurs de tourner en rond. Un ministre de l’environnement (je ne dirais pas lequel) nous a même dit que nous étions un frein au développement économique !

Et pourtant, j’aurais tendance à dire que c’est tout le contraire, que la cause environnementale, défendue par quelques individus et quelques groupes a mené à la création de dizaines de milliers d’emplois en environnement. Elle a été à la base de ce qu’il est convenu d’appeler aujourd’hui les économies verte, circulaire ou même sociale, dans certains cas.

Ces groupes, vous les connaissez, qu’il s’agisse d’Eau Secours ! d’Équiterre, du CQDE, du RQGE, d’ENvironnement JEUnesse ou encore de Vivre en Ville (désolé de ne pas tous les nommer…), chacun a apporté une contribution inestimable à notre société. Il n’y a pas un jour où un dossier environnemental ne fait pas la manchette et dans lequel un organisme environnemental n’est pas impliqué ou sollicité pour le commenter.

Plusieurs de ces organisations, même si elles ont directement été à la base de changements majeurs de notre société, n’ont toutefois pas toute la reconnaissance qu’ils méritent. Plusieurs fonctionnent de peine et de misère avec peu, sinon aucun, financement pour leur mission. Comme si travailler pour un organisme en environnement relevait d’un sacerdoce, que les écolos faisaient ça « pour la cause ».

Personnellement, je ne me suis jamais considéré comme un « écolo ». Les dossiers que l’on traite ont des impacts majeurs sur le développement de notre société; nos vis-à-vis (gouvernements, entreprises privées, médias, etc.) savent qu’ils ont en face d’eux des interlocuteurs chevronnés, informés et consciencieux. De toute façon, les gens qui disent n’importe quoi ne durent pas longtemps, et ce, quel que soit leur secteur d’activités.

Les écolos ne peuvent-ils pas simplement être des citoyens ordinaires dont les valeurs qu’ils possèdent ne sont pas toutes cotées en bourse ? Quelqu’un m’a déjà dit une fois, si tu l’aimes ta montagne, il faut que tu sois prêt à te battre pour elle un jour. Je me répète parfois cette phrase-là quand l’adversité est omniprésente. Et surtout, il ne faut jamais rien prendre de personnel, il ne s’agit pas de ta montagne, mais bien de notre montagne à tous. Une montagne que l’on sera bien contents un jour de ne pas l’avoir saccagée pour quelques avantages éphémères et particuliers.

Pour qu’il y ait aujourd’hui un tel foisonnement d’experts, de conseillers ou de consultants en environnement, il a fallu que des groupes défrichent le terrain, avec peu de moyens et souvent envers et contre tous. Le Québec ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui sans ces organismes. Quand nos représentants politiques vantent le leadership environnemental de notre province à l’étranger, ils devraient se souvenir qu’ils le doivent beaucoup à des organismes environnementaux qui étaient là bien avant eux. Imaginez si les groupes écolos faisaient tous la grève demain, ça ne serait pas long qu’on en verrait les impacts un peu partout.

Investir des milliards dans des usines ou des barrages, c’est un choix. Investir des milliards dans l’éducation, les services sociaux ou la santé, c’est une nécessité. Investir dans les organismes en environnement, je dirais que c’est essentiel (et je ne parle pas pour ma paroisse, je risque de ne plus être là quand ça arrivera, si ça arrive). Tout n’est toutefois pas qu’une question d’argent, mais de reconnaissance. Et cette reconnaissance doit aussi se traduire par des gestes concrets.

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