Le 26 janvier 2023, RECYC-QUÉBEC a publié son bilan de gestion des matières résiduelles (GMR) pour l’année 2021. En offrant une comparaison avec les données de 2018 à 2020, le bilan permet de brosser le portrait de l’évolution récente de la GMR au Québec.
1. Élimination
Au niveau de l’élimination, on constate une augmentation globale de 3% des quantités de matières éliminées entre 2018 et 2021. Cela correspond à une augmentation 312 000 tonnes entre les deux années.
En 2021, le Québec éliminait donc 716kg de matières résiduelles par habitant. Cette valeur est élevée dans la mesure où les politiques provinciales visent un objectif de 525kg par habitant d’ici la fin 2023. RECYC-QUÉBEC affirme que, compte tenu du bilan actuel, cet objectif ne sera vraisemblablement pas atteint.
Une décortication des données globales selon les principaux secteurs envoyant des matières à l’élimination permet de mieux comprendre les tendances observées. Dans le cas de la période 2018-2021, les trois principales sources de génération de matières éliminées sont les déchets d’origine municipale, les résidus des industries, commerces et institutions (ICI) et les résidus de construction, rénovation et démolition (CRD). Ce sont surtout à ces deux derniers que l’on peut attribuer l’augmentation globale en élimination. En effet, il y a eu une augmentation 2% des résidus d’ICI éliminés alors que l’augmentation se chiffre à 21% pour les résidus de CRD. Les déchets d’origine municipale, pour leur part, ont diminué d’environ 5% sur la période.
Au-delà de ces trois principales catégories, on note une augmentation marquée de l’élimination de rejets de centre de tri de résidus de CRD. Alors qu’on éliminait au Québec 130 000T de ce type de résidus en 2018, cette quantité se chiffrait plutôt à 339 000T en 2021. Cela correspond à une hausse de près de 161%. RECYC-QUÉBEC attribue cette augmentation à un usage moins fréquent de ce type de résidu comme matériel de recouvrement dans les lieux d’enfouissement technique (LET).
2. Recyclage des matières organiques
La période 2018-2021 a vu une augmentation du taux de recyclage des matières organiques. En 2021, environ 4 638 000 T de matières résiduelles organiques ont été générées au Québec. Sur ce total, 2 619 000T ont été recyclées, pour un taux de recyclage de 56%. Cela correspond à une augmentation du taux de recyclage de 12% (de 44% à 56%) par rapport à 2018.
L’augmentation du taux de recyclage des matières organiques sur cette période a principalement attribuable à une augmentation de la performance dans le secteur de la collecte municipale (taux de recyclage de 35% à 48%) ainsi que dans le recyclage des boues et résidus des papetières (taux de recyclage de 34% à 49%).
À l’inverse, le secteur des ICI traîne de la patte. Effectivement, bien que l’on note une légère augmentation du taux de recyclage des matières organiques pour cette catégorie, ces derniers demeurent bas, s’échelonnant de 5% pour 2018 à 8% pour 2021. RECYC-QUÉBEC a toutefois indiqué que ces résultats pouvait au moins partiellement être attribuables à la pandémie mondiale de covid-19 et qu’il convenait donc de les interpréter avec précaution. On note d’ailleurs une baisse important des quantités de résidus organiques générés pour les ICI durant la période analysée.
Pour terminer, on relève que près de 68% du recyclage de matières organiques se faisait par compostage en 2021 au Québec. Ce type de traitement continue ainsi à dominer le secteur malgré un recours plus fréquent à la biométhanisation qu’en 2018.
3. Résidus de construction, de rénovation et de démolition (CRD)
Entre 2018 et 2021, la proportion de résidus de CRD ayant été éliminée sans avoir transité par un centre de tri de CRD a légèrement augmenté (+2%). En 2021, ce sont donc près de 53% de ces résidus qui ont été acheminés à un centre de tri, soit environ 1 846 000 T.
Sur les quantités acheminées à un centre de tri de CRD, 650 000 T ont été envoyés à l’élimination à titre de rejets, ce qui correspond à une augmentation de 32% par rapport à 2018. Parmi le tonnage restant, 46% ont été recyclés, 41% ont été utilisés dans un processus de valorisation énergétique, 7% ont été entreposés et un dernier 7% ont été exportés. Cette dernière pratique représente une nouveauté dans la mesure où moins de 1% des CRD traités par les centres de tri en 2018 était alors exportés.
Selon RECYC-QUÉBEC, le secteur des CRD présente de sérieuses lacunes. Qu’il soit question des faibles taux de performance, ou encore de pratiques s’éloignant toujours de la déconstruction. Avec l’augmentation de la génération et de l’élimination dans ce secteur, la mise en place d’une stratégie de respect de la hiérarchie des 3RV-E dans un contexte de CRD apparaît primordiale.
Autres catégories
Le bilan de RECYC-QUÉBEC se penche également sur la performance dans plusieurs autres secteurs. On y retrouve, entre autres, une évaluation des programmes de responsabilité élargie des producteurs (REP) et de la consigne, une section sur la valorisation énergétique ou encore une autre sur la récupération des textiles. Vous pouvez retrouver le bilan complet dans les documents en référence.