Après nous le déluge

Malgré le fait que la plupart des indicateurs sur l’état de la planète soient au rouge, que ce soit sur le plan de la biodiversité, des changements climatiques, des limites planétaires ou encore de l’épuisement de nos ressources, nos élus nationaux semblent tout faire pour accélérer cette cadence autodestructrice. La situation géopolitique mondiale est-elle en train d’avoir raison sur les décennies d’avancées et d’efforts déployés dans le domaine environnemental ? L’économie peut aider à nous développer, elle peut aussi contribuer à notre perte.

Avec tous ces bouleversements causés par notre voisin du Sud et les incertitudes qu’ils engendrent, nous sommes tous passés en mode absorption du choc ou, au mieux, en mode résilience. Cette résilience, pour les États, se traduit par une multiplication de projets de développement à tout va, par l’extraction des ressources dans une optique d’autosuffisance (lire : on ne peut plus trop compter sur l’oncle Sam). Et, pour que tout ce branle-bas de combat puisse se faire rondement, sans friction, on met de côté, si ce n’est leur abandon pur et simple, des mesures environnementales ou de cohésion sociale qui ont pourtant pris des années à être mises en place.

Des fois je me demande même si on n’a pas trop tendance à abuser de cette situation, un peu comme on a connu avec la COVID qui avait parfois le dos large comme on disait…

L’environnement et sa protection de l’environnement sont devenus des irritants. Si on ne peut pas lancer les projets aussi vite qu’on aimerait, c’est à cause de l’environnement. L’environnement est maintenant ouvertement un frein au développement.

Regardez ce qui se passe actuellement, on parle d’allègements réglementaires un peu partout : la Loi C-5 au fédéral, la Loi visant à bâtir le Canada en imposant des projets d’intérêt national ou en facilitant (lire : en nivelant par le bas) les processus d’échanges entre les provinces. Il est maintenant question d’un projet de loi similaire au Québec, la Q-5, comme on se plaît à l’appeler dans certains cercles. En passant, merci de me dire ce qu’est un projet d’intérêt national et qui les détermine ?

Vous souvenez-vous du projet de loi omnibus no 81 dont certains articles visaient à retirer des irritants pour les promoteurs de grands projets ? Et bien, tous ces irritants étaient principalement de nature environnementale ou touchaient la participation du public. C’est ça aussi qui se passe chez nous. Et ce n’est pas fini.

Le gouvernement provincial coupe aussi dans l’os (il n’y a plus tellement de chair et encore moins de gras) en supprimant plus de 130 postes au ministère de l’Environnement tout récemment. Ça n’augure vraiment rien de bon si on veut multiplier les projets d’envergure ayant des impacts.

Bientôt, ce sera le budget du ministère qui serait amputé, celui-là même qui n’avait même pas suivi l’inflation l’an dernier.

On est déjà parmi les meilleurs en environnement et les Québécois ne devraient pas être les seuls à faire des efforts. Voilà en substance ce que répète notre premier ministre sur de nombreuses tribunes. On peut-tu nous lâcher avec l’environnement ? L’environnement est même pointé du doigt aujourd’hui pour de nombreux problèmes que notre société connaît. La crise du logement, c’est à cause de l’environnement; l’économie va mal, l’environnement, la grève à la STM, l’environnement (bon j’exagère un peu, mais vous comprenez l’idée).

L’environnement est devenu cette notion superflue qui faisait bien paraître quand tout allait relativement bien. Maintenant, on dirait que la protection de l’environnement gêne nos gouvernements et on veut nous faire avaler qu’un petit relâchement serait le bienvenu étant donné qu’on en a déjà fait beaucoup.

Ce qui peut nous rassurer toutefois, c’est que cette érosion se fait à partir du sommet et non pas à partir de la base. Même si une certaine lassitude environnementale semble être ressentie parmi une certaine frange de la population, des initiatives locales encourageantes voient le jour. Comme cette initiative de candidats aux élections municipales de demander à la population de remettre les enjeux environnementaux qui est intéressante.

Il faut juste espérer que nous pourrons traverser la tempête sans trop de dommages…


Éditorial paru dans l’infolettre de septembre 2025

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