Une première annonce de poids en gestion des matières résiduelles pour le gouvernement Legault ?

Le rapport du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) concernant le projet d’agrandissement du lieu d’enfouissement technique (LET) de Sainte-Sophie a été déposé à la fin du mois de mai. Le ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques devra maintenant prendre une décision à ce sujet, une décision qui n’a rien de banal puisqu’elle pourrait montrer les couleurs du gouvernement Legault en terme d’environnement et de gestion des matières résiduelles.

Le 12 mai dernier, le BAPE transmettait au ministre Benoit Charette son rapport sur le projet d’agrandissement du lieu d’enfouissement technique de Sainte-Sophie par la multinationale Waste Management. Sainte-Sophie est un des 5 LET de la province qualifiés de mégasites où vont environ 75 % des déchets destinés à l’élimination dans la province.

Le Front commun a toujours considéré la gestion par mégasites comme étant incompatible avec une gestion écologique des déchets et aussi comme étant la plus forte concurrence aux mesures de réduction, de réutilisation et de recyclage mises en place par les MRC au Québec.

Le promoteur veut poursuivre l’enfouissement des déchets au rythme actuel d’un million de tonnes annuellement, et ce, pour une durée de 18 ans, jusqu’en 2040.

Le BAPE ne s’oppose pas au projet, mais ne donne pas non plus d’indications précises quant aux quantités annuelles qui pourraient y être acheminées. Il s’en remet aux principales parties prenantes (MRC, RECYC-QUÉBEC et MELCC) afin de déterminer le tonnage à y être enfoui annuellement. Également, il préfère opter pour une révision des besoins dans 5 ans, comme cela se fait maintenant depuis une quinzaine d’années pour ce type de projet. Autrement dit, une espèce de sauf-conduit pour le promoteur lui permettant de répondre à l’ensemble de ses attentes (et à ceux de ses actionnaires), tout en donnant l’impression de se donner un levier pour réduire les quantités de déchets acheminées au site si effectivement les quantités de déchets générées diminuent sur le territoire de desserte.

La dernière fois qu’un décret a appliqué des tonnages dégressifs, c’était en 2014 pour le LET de Lachenaie. On avait alors appliqué une baisse de tonnage de 5 000 tm par an pendant 5 ans, sur un tonnage initial de 1,3 million de tonnes annuellement. « Perte » possiblement compensée par du recouvrement journalier…

Si le gouvernement Legault est allé rapidement de l’avant avec des annonces qu’aucun gouvernement avant lui n’avait osé faire, notamment sur l’élargissement de la consigne et la modernisation de la récupération, il n’en demeure pas moins qu’elles ne sont, pour l’instant, encore que des annonces. Elles ne devraient prendre leur plein et entier effet que lors d’un second mandat lequel, on le sait en politique, n’est jamais gagné d’avance.

Le décret sur l’agrandissement du LET de Sainte-Sophie devrait normalement être adopté sous peu, le début de la saison estivale se prêtant d’ailleurs fort bien à la publication de ce genre de décision. Il sera aussi la première action concrète d’importance du gouvernement Legault dans le domaine de la gestion des matières résiduelles depuis son accession au pouvoir il y a un an et demi.

Le gouvernement pourrait suivre les orientations du rapport du BAPE et opter pour une sorte de statu quo de l’inacceptable. Il pourrait aussi démontrer clairement que certaines façons de faire sont révolues et insuffler une dose massive d’espoir aux partenaires qui œuvrent à construire un Québec sans gaspillage.

Partagez

Débutez votre recherche :

Abonnez vous à notre infolettre

Restez à l’affût des dernières nouvelles en gestion des matières résiduelles.

À noter dans vos agendas!