To ban or not to ban

Mine de rien, il s’en passe des choses dans le domaine de la gestion des matières résiduelles. Je ne parle pas des grandes réformes tels l’élargissement de la consigne ou la modernisation de la collecte sélective, mesures souhaitées s’il en est, mais plutôt de mesures qui étaient quand même impensables il y a à peine quelques années. Preuve qu’il est possible de faire bouger les choses et qu’il ne faut surtout pas lâcher prise.

Je pense au règlement sur le bannissement des sacs d’emplettes en plastique qui vient d’entrer en vigueur à Montréal. Oui, je sais, ce n’est pas la première municipalité qui adopte un tel règlement, mais c’est quand même tout un geste quand on pense qu’elle regroupe plus de 20 % de la population du Québec ! Et il faut aussi savoir saluer de tels gestes lorsqu’ils sont posés. Et, avez-vous remarqué, les opposants à cette mesure ont été très discrets cette fois-ci…

Il est clair qu’un bannissement est une mesure qui peut sembler radicale, mais qui est parfois nécessaire. J’avais même dit une fois dans un média, que le mot bannissement en était un qui faisait peur. Maintenant, il fait partie des outils que peuvent utiliser des pouvoirs publics. Car, si parfois une approche volontaire de la part des entreprises est efficace, elle atteint généralement assez rapidement ses limites.

Le bannissement de tel ou tel produit n’est pas non plus la solution à tout. Il faut faire en sorte que les intervenants concernés s’approprient la démarche et qu’il y ait une transition entre le « avant » et le « après » bannissement. Il faut aussi comprendre à quoi sert cette mesure et comment en éviter ses écueils, car elle en comporte.

Prenons le Règlement interdisant les plastiques à usage unique qui a été publié à la fin juin dans la Partie II de la Gazette du Canada, par exemple. Avec quelques exceptions, ce règlement prévoit bannir les 6 items suivants : les sacs d’emplettes, les ustensiles, les récipients alimentaires fabriqués à partir de plastiques problématiques ou qui en contiennent, les anneaux pour emballage de boissons, les bâtonnets à mélanger et les pailles. Certaines mesures de ce règlement entreront en vigueur dès le mois de décembre de cette année.

L’objectif avoué de ce bannissement n’étant pas tant leurs impacts sur la santé humaine que ceux qu’ils causent à notre environnement physique ainsi qu’à la faune marine notamment (souvenez-vous de la tortue avec la paille dans une narine). Il est question ici de petits objets jetables, faits de plastique et qui sont généralement refusés par les centres de tri et que l’on retrouve trop fréquemment dans la nature.

On parle aussi de petits objets à usage unique en plastique pour lesquels les industries concernées ont trouvé des palliatifs. Les anneaux de transport souples pour canettes vont faire place à des porteurs de canettes contenant trois fois plus de matière. Les pailles en plastique seront remplacées par des pailles en carton jetables ou en bambous venus de Chine. Dans bien des cas, les impacts environnementaux n’ont été que déplacés, parfois même, ils pourraient bien être aggravés. Ça peut aussi donner l’impression que l’on s’attaque à une problématique alors qu’on ne fait que l’effleurer.

Il ne faudrait pas que la paille nous cache la forêt. Il faut réduire le gaspillage de nos ressources, point. Bannir le plus possible les objets jetables, à usage unique, faits de plastique… ou pas. Il faut repenser pour mieux réduire.

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