Recycler n’est pas toujours bon pour la planète

Il y a belle lurette qu’un scénario catastrophe en environnement a fait aussi longtemps la manchette. Et ce n’est certainement pas fini. Presque tous les jours – même si nous sommes en pleine période des vacances estivales – il n’y a pas un média qui ne sorte de nouvelles informations concernant les émissions polluantes de la fonderie Horne à Rouyn-Noranda.

Signe des temps ? L’acceptabilité sociale et la santé publique sont davantage mises sur la sellette. Il était grandement temps : un parle des opérations d’une industrie lourde qui empoisonnent littéralement une population. On dénonce l’inaction des gouvernements dans le passé. En fait, je crois que les gouvernements ont été actifs, mais en faveur de la compagnie et de l’activité économique qu’elle génère dans cette région…

Mais, est-ce à cause de l’ampleur que la problématique a prise soudainement, de la prochaine campagne électorale qui est en fait déjà commencée, ou encore du fait que la plupart des médias en parlent régulièrement ? Je ne sais pas, mais je crois que cette fois-ci, il y aura des changements dans les façons de faire de cette compagnie, que ce soit sur une base volontaire ou pas.

J’ose croire aussi que les mentalités ont également un peu évolué.

Dans le domaine de la gestion des déchets, la fonderie Horne a toujours été un de ces nombreux éléphants qui sont dans la pièce (une grande pièce, je vous assure). Particulièrement en ce qui concerne la valorisation des équipements électroniques et informatiques en fin de vie. Combien de fois avons-nous été contactés au bureau au cours des vingt dernières années par des médias d’enquêtes pour avoir des informations sur le sujet ? Plusieurs dizaines, assurément. Mais, à chaque fois, l’enquête ou la recherche avortait, faute de faits vérifiables ou de chiffres à sensation disponibles.

Glencore, la compagnie à qui appartient la fonderie Horne, a dit récemment à Radio-Canada qu’elle traitait quelque 110 000 tonnes de matériel informatique dans ses fours, afin d’en extraire le cuivre ainsi que d’autres métaux. Si la majorité de ce gisement provient de l’extérieur de la province, c’est aussi une grande partie de nos vieux ordis et autres déchets électroniques à nous qui sont ainsi « valorisés », contaminant ainsi la population de cette région, sa faune et sa flore selon des chercheurs[1]. On est loin de l’idyllique image de notre planète qui est sauvée par notre recyclage. Ça, c’est pour endormir les enfants et nous encourager à consommer encore et davantage des produits non durables.

Quand j’ai écrit que j’osais croire aussi que les mentalités avaient également un peu évolué, j’espère qu’on abordera aussi les causes de la contamination émise par cette fonderie et non seulement de ses modes de traitement. Oui, améliorer des façons de faire apparaît évident, mais il faut surtout éviter cette contamination à la source.

Il y a maintenant plus de dix ans que le gouvernement a promis d’encadrer ce qu’il est convenu d’appeler la valorisation. Cela consistait même en l’intégralité de la stratégie no1 du Plan d’action 2011-2015 de la Politique québécoise de gestion des matières résiduelles. C’était prévu être réglé en 2012, au plus tard…

La triste histoire de la fonderie Horne n’est certainement qu’un exemple parmi d’autres sur le côté sombre de nos activités de récupération et de recyclage. Peut-être que cet exemple devrait être le signal qu’il est grand temps de revoir nos pratiques en ce domaine qui n’ont jamais vraiment été encadrées ou suivies.

On nous demande de recycler pour sauver la planète, mais quand le recyclage contribue à la détruire, il y a lieu, je pense, de se poser de sérieuses questions.

[1] https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1899469/fonderie-horne-environnement-pollution-rouyn-noranda-metaux?fromApp=appInfoIos&partageApp=appInfoiOS&accesVia=partage&fbclid=IwAR1clZEbMpERe-Bsogie1ibovcMd6Sq6t9DmtlPFQ-9RQWIQdS7Svs7BbY0