Obsolescence programmée
Principes et mouvements
Selon Bulow (1986), l’obsolescence programmée est « une stratégie de design industriel qui vise à concevoir des produits ayant une durée de vie utile limitée de manière à ce que le produit devienne obsolète, démodé ou non-fonctionnel après un certain temps ». Ce type de stratégie vise à favoriser un remplacement plus rapide des biens, ce qui se traduit par une hausse de la demande pour les produits visés et par un niveau de consommation plus élevé.
Se déclinant autour de plusieurs stratégies et mécanismes, l’obsolescence programmée fais l’objet d’un encadrement inégal à-travers le monde. Au Québec, des ébauches de projet ont vue le jour, mais l’encadrement légal de ce phénomène demeure peu formalisé.
Note : pour une introduction au concept d’obsolescence programmée, vous pouvez consulter notre fiche d’information courte.
1. Encadrement au Québec
Au Québec, aucune législation en vigueur n’encadre l’obsolescence programmée, même si la Loi sur la protection du consommateur contient quelques éléments qui peuvent s’en approcher. On y mentionne, par exemple, des durées de garantie de disponibilité de pièces et de services de réparation pour certains biens.
Suite au dépôt du Projet de loi n° 197 en avril 2019 demandant un meilleur encadrement réglementaire de l’obsolescence programmée, l’Office de la protection du consommateur a tenu des consultations sur la durabilité, la réparabilité et l’obsolescence des biens de consommation. Un document a été présenté par l’Office afin de proposer certaines modifications à la loi dans un but de limiter l’obsolescence. Le projet s’est rendu jusqu’à l’étude détaillée en commission, mais est mort au feuilleton en 2022.
En juin 2023, le Projet de loi n° 29 a été présenté. Les dispositions qui y sont prévues rappellent l’approche préconisée par certains exemples internationaux, dont la France. On y prévoit notamment une règlementation contre l’obsolescence programmée, cette dernière étant définie comme toute technique visant à réduire la durée normale de fonctionnement d’un bien. Un éventuel contrevenant s’exposerait à une amende pouvant aller jusqu’à 125 000$ ou jusqu’à quatre fois le profit réalisé grâce à la vente d’un bien ayant fait l’objet de techniques d’obsolescence programmée. À cela s’ajoute une interdiction de mettre en place des tactiques visant à limiter l’entretien ou la réparation d’un bien.
Le projet de loi prévoit également des régulations entourant la durée de vie de biens faisant l’objet d’un contrat. Ces nouvelles dispositions prévoiraient, entre autres, un affichage de la garantie de bon fonctionnement du produit à côté de son prix d’achat, un accès des consommateurs aux pièces nécessaires pour la réparation à un prix qui ne décourage pas cette opération et l’obligation de vendre des produits qui peuvent être réparés avec des outils conventionnels et sans endommager le produit.
2. Initiatives à-travers le monde
Les développements d’initiatives visant à lutter contre l’obsolescence programmée étant d’apparition relativement récente au Québec, il est possible de recenser quelques cas précurseurs qui ont été les premiers à innover dans ce domaine.
3. Tactiques d’obsolescence programmée
Les premières stratégies d’obsolescence programmée ont émergé au début du XXe siècle dans le sillage de l’avènement de la consommation de masse aux États-Unis. Même si le principe avait été identifié un peu plus tôt par différents acteurs, l’appellation « obsolescence programmée » a commencé à être utilisée à partir des années 1930 comme moyen de stimuler l’économie à la suite de la Grande récession.3Depuis, la notion a été davantage précisée et on distingue aujourd’hui différentes tactiques d’obsolescence programmée, chacune d’entre elles ayant ses propres mécanismes sous-jacents.
Il est à noter que les techniques d’obsolescence programmée sont généralement déployées dans des secteurs marqués par un monopole ou un oligopole (l’obsolescence technique et psychologique pouvant représenter des exceptions). Lorsqu’une grande variété de producteurs ayant une importance comparable compétitionnent dans un marché, il est généralement moins avantageux pour un producteur donné d’avoir recours à certaines méthodes d’obsolescence programmée puisque leur mise en place pourrait inciter les consommateurs à se tourner vers d’autres fournisseurs.
4. Notes et références
Observatoire : Principes et mouvements