Pouvons-nous reprendre le contrôle ?

Nos lieux d’enfouissement qui débordent, nos centres de tri qui exportent nos matières recyclables à l’autre bout de la planète, la consigne élargie qui est encore reportée. Ça, c’est sans parler de nos matières organiques qui font souvent des centaines de kilomètres pour être traitées quand elles ne sont tout simplement pas entreposées, faute de preneurs…

Que dire aussi de nos grandes chaînes qui jettent aux poubelles leurs biens invendus encore enveloppés dans leurs boîtes d’origines, de notre « fleuron » québécois, Couche-Tard, pris en flagrant délit de gaspillage éhonté ? Que dire de nos 1,2 million de tonnes de résidus alimentaires comestibles que nous jetons par année au Québec ?

Vous trouvez que la liste est longue ? Elle peut l’être davantage. Tout ça me fait réaliser que nous ne sommes même plus en mesure de gérer convenablement ce que nous rejetons. Nous sommes des boulimiques de la consommation. Nous ne consommons plus pour assouvir nos besoins de base, nous consommons par habitude. Nous consommons, car nous avons été initiés dès notre plus jeune âge à la consommation de masse, et on nous rappelle tous les jours que la consommation est importante pour notre bien-être collectif, pour la création de richesse. Nous sommes tellement engagés dans une spirale consumériste que d’en sortir nous donne le vertige.

Sauf que ce modèle n’est pas viable. J’oserais même dire que nous avons une responsabilité collective devant tout ce gaspillage de ressources et que, par le biais des gouvernements que nous élisons, nous devons agir.

Nous sommes les seuls êtres vivants qui produisent des déchets ayant des impacts négatifs sur notre environnement. Nous n’arrêtons pas de fragiliser la capacité de support de nos écosystèmes. Je sais, ça n’a rien de nouveau, nous entendons régulièrement ce genre de constats et ça ne change rien en fin de compte.

Or, il n’en tient pourtant qu’à nous de changer pour le mieux. Si, au cours des dernières décennies, nous avons massivement investi dans des équipements de gestion pour nos matières résiduelles qui peinent à remplir leur mandat, il serait peut-être temps de nous occuper de la génération de ces mêmes matières résiduelles.

Si nous gaspillons autant, cela ne devrait pas trop nous affecter si nous attardons à réduire à la source ce gaspillage. On ne parle pas ici de priver les gens de leurs biens, mais bien d’éviter qu’ils en consomment trop, car ils les jettent de toute façon.

Consommer moins, mais suffisamment, et surtout consommer mieux.

Ça fait longtemps que je ne crois plus vraiment en l’approche volontaire pour vraiment changer les comportements. Aussi, afin de modifier nos habitudes d’achat, mais également la production et la gestion de biens destinés à la vente, nous avons besoin d’incitatifs, de balises, voire même de pénalités pour y parvenir. Nous avons besoin d’écofiscalité et de réglementation.

Depuis peu, la France a innové dans ce domaine avec son Plan national de prévention des déchets 2021-27, le PNPD qui prévoit notamment plusieurs mesures réglementaires afin de réduire à la source la génération des déchets. Le PNPD prévoit même des plans locaux de prévention des déchets ou encore un observatoire sur la réutilisation et le recyclage.

Peut-être serait-il temps que nous amorcions une réflexion sur le sujet, nos programmes actuels de récupération et de recyclage ne sont pas suffisants pour endiguer ce flot de déchets auquel nous faisons face. Et de toute façon, la vraie solution passe par des gestes en amont.

Une personne intelligente cherchera à trouver une solution à un problème, une personne sage tentera de l’éviter.