Pancartes de tous les partis, unissez-vous!

À chaque élection, que ce soit au fédéral, au provincial ou au municipal, la question des pancartes électorales après leur vie utile revient immanquablement dans les médias.

Immanquablement, on nous informe sur un ton qui frise le jovialisme qu’elles sont recyclables ou réutilisables. Même sur le site d’Élections Québec on nous mentionne que ces pancartes sont généralement faites de Coroplast, qui est facilement recyclable et réutilisable. Que certains organismes sans but lucratif les utilisent pour faire du bricolage ou des constructions…

Sérieux ?

Lâchez-moi avec le bricolage d’OSBL (comme dirait un certain candidat devenu ministre…) pour traiter les quelque 200 000 pancartes qui ont été installées lors des dernières élections provinciales ! Oui, c’est vrai, on en donne à des écoles ou à des garderies ce qui prolonge de quelques jours leur durée de vie en les découpant, les coloriant et en les mettant en bout de ligne dans les poubelles, car ça ne va bien sûr pas dans le bac. De mauvaises langues pourraient même dire qu’on se débarrasse du problème de la sorte, qu’on s’en lave les mains. Aussi, combien de pancartes prennent ce détour avant d’être envoyées aux poubelles ? Quelques dizaines, quelques centaines ?

Je pense qu’on ferait davantage œuvre utile en expliquant les conséquences environnementales néfastes de ces pancartes et en invitant les élèves à leur trouver des alternatives ayant moins d’impacts sur notre environnement.

Oui, bien sûr, ces pancartes sont recyclables, elles sont faites de polypropylène ondulé. Tout est recyclable – dans l’absolu – même les sacs de chez Dollorama, même les filtres à eau de Brita. Ça ne veut pas dire que ça va dans les bacs de récupération, non absolument pas. Mais est-ce que c’est parce qu’on dit qu’un objet est recyclable qu’il sera effectivement recyclé ?

C’est un peu là que je veux en venir : nous sommes un peu paresseux avec la notion de recyclage au Québec. On amalgame récupération et recyclage, centres de tri et centres de recyclage. Bref, on nous a conditionnés à être paresseux avec ces concepts, à ne pas poser trop de questions… Je consomme, oui, mais je recycle…

Alors on nous dit que les pancartes sont recyclables, comme si elles ne posaient pas de réels problèmes. Oui, c’est un fait, elles sont recyclables et il existe des recycleurs de polypropylène au Québec. Donc 1 + 1 = 2, n’est-ce pas ? Non, pas toujours.

Connaissons-nous effectivement la proportion de pancartes recyclées ? Non, en fait, nous ne connaissons même pas les quantités de pancartes qui ornent nos poteaux à chaque quatre ans. On répertorie à peine 20 récupérateurs de pancartes au Québec, et tous ne sont pas des recycleurs. Ce serait donc étonnant que chaque candidat dans chacune des circonscriptions de la province achemine ses propres pancartes chez l’un ou l’autre de ces derniers.

Pourtant, on pourrait trouver des solutions à cette situation qui nous revient périodiquement. Ce n’est pas comme si on ne s’y attendait pas. Il faut juste planifier, s’y prendre d’avance. Et pourquoi pas, s’entendre entre partis, entre candidats, bleus, rouges ou oranges. Trouver des arrangements avant même de poser des pancartes, mettre en commun les ressources, car les solutions en environnement doivent impliquer tout le monde.

Il faudrait établir, comme qui dirait, des préarrangements électoraux. Si on n’a rien prévu pour s’occuper d’une pancarte après les élections, elle ne devrait pas être posée. Les partis politiques pourraient prévoir et inclure dans leurs budgets de dépenses la récupération et de recyclage des pancartes. Il faudrait même que cette dépense, même si elle a lieu après la période électorale, puisse être considérée comme une dépense électorale. Ça pourrait aussi devenir le premier engagement de tous les candidats, pourquoi pas ?

On aurait ainsi établi une logistique de récupération efficace des pancartes. Une bonne organisation permettrait d’obtenir des volumes de coroplast suffisants et de qualité pour intéresser un recycleur. Des programmes ponctuels pourraient être mis sur pied pour financer une partie de ces opérations, y compris le transport vers le recycleur…

Mais, arrêtons de simplement dire que les pancartes sont recyclables et qu’elles peuvent servir à faire de beaux bricolages pour nos enfants. Trouvons de vraies solutions concrètes.

Comme ça, tout le monde sortirait un petit peu gagnant après les élections !

On s’en reparle dans quatre ans.

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