LE GOUVERNEMENT DOIT MAINTENIR LE CAP (ET SES ENGAGEMENTS)
Une série de reportages ou de nouvelles en ce début de mois nous a brutalement rappelé que la gestion du verre récupéré par la collecte sélective municipale était toujours problématique au Québec. Beaucoup trop de centres de tri envoient encore directement cette matière dans des lieux d’enfouissement technique.
C’est déplorable, certes, mais ce n’est pas surprenant. Pourquoi ? Bien parce que rien n’a vraiment été fait pour régler ce problème, au contraire. En fait, ce qui a été entrepris au cours des dernières années l’a été principalement dans le but de conserver le statu quo. Et les dizaines de millions de dollars investis dans les différents projets pour le traitement du verre issu de la collecte sélective n’avaient qu’un but : contrer tout projet de consigne sur les contenants de boisson en verre.
Ça peut paraître radical, mais réfléchissons-y un peu. Les études de la SAQ, les chaires de recherches (dont celle sur la valorisation du verre dans les matériaux), les annonces de création d’usines pour de nouveaux usages du verre récupéré ou encore les projets-pilotes comme Verre l’Innovation qui ont mobilisé l’attention pendant des mois et fait ressortir la velléité du gouvernement de l’époque sur le sujet.
Tout ça est d’autant plus désolant que l’actuel gouvernement y est allé ce mois-ci avec un autre report de l’instauration de la consigne élargie, pourtant annoncée en 2020. Notamment parce que les contenants de verre posaient problème pour leur récupération, leur entreposage, leur manutention, etc. Suite aux pressions exercées, le gouvernement a décidé d’attendre mars 2025 pour instaurer ce mode de récupération qui réglerait pourtant bien des situations indésirables dont nous sommes témoins depuis trop longtemps en lien avec le traitement de cette matière.
Ce qui est assez singulier, c’est que s’il y avait eu autant d’énergie et de ressources pour développer la consigne aujourd’hui qu’il y en a eu pour la contrer à l’époque, le problème du verre serait certainement en très bonne voie d’être réglé à l’heure qu’il est.
Le battage médiatique des dernières semaines sur la récupération et la gestion du verre récupéré par la collecte sélective municipale devrait rappeler au gouvernement que le statu quo n’est vraiment pas une option. Il y aura cependant toujours quelqu’un quelque part qui sera là pour démoniser la consigne, nous dire qu’elle est irréalisable, non nécessaire, etc. Un film dans lequel j’ai personnellement joué pendant plus de 20 ans.
Cet autre report est toutefois maintenant inévitable. Le projet de règlement en fixant les paramètres a été déposé il y a une semaine et il nous reste environ une semaine pour le commenter. Grosso modo, ce qui sera conservé du règlement initial et appliqué le premier novembre prochain, est la hausse de la consigne à 10 ¢ et la consignation des contenants de boisson en aluminium qui ne le sont pas actuellement. Les autres mesures sont prévues pour être en vigueur le 1er mars 2025.
Consigner les contenants de boisson en aluminium qui ne le sont pas actuellement n’est pas, logistiquement parlant, très contraignant. Ce que le gouvernement devrait faire pour vraiment démontrer qu’il veut maintenir le cap (et son engagement) dans ce dossier malgré les écueils, ce serait d’étendre la consigne également aux bouteilles d’eau dès le 1er novembre prochain comme cela avait été prévu initialement.
Cet élargissement de la consigne à ce type de contenant ne serait pas contraignant logistiquement non plus, les gobeuses actuelles pouvant très bien s’acquitter de cette tâche. On s’assurerait de surcroît de récupérer une quantité non négligeable de contenants faits d’un plastique recherché (on parle ici de plus d’un milliard de bouteilles d’eau consommées au Québec chaque année).
Également, d’ici au premier mars 2025, le gouvernement devrait exiger de l’organisme de gestion désigné, de produire un plan de développement de la consigne élargie avec un échéancier et les objectifs visés, un bilan intérimaire devrait également être produit et rendu public à mi-parcours.
L’élargissement de la consigne et la modernisation de la collecte sélective ont souvent été mis de l’avant par le gouvernement pour montrer concrètement son engagement en environnement. Je me suis fait également dire au plus haut niveau que cet engagement était ferme, que les pressions exercées ne seraient d’aucun effet. Force est toutefois d’admettre que certains ont mis de l’avant des aspects pragmatiques à leurs doléances pour qu’elles passent mieux.