Trop souvent, de grands projets de gestion de matières résiduelles ne répondent pas à nos attentes ou à nos objectifs. Une des raisons de cette observation ? Les actions en amont ciblant l’information, la sensibilisation et l’éducation ne sont pas au rendez-vous.
C’est malheureux, mais les initiatives en ISÉ sont souvent considérées comme facultatives, pire, comme une dépense et non pas comme un investissement. La participation des citoyens et leur niveau d’appropriation d’une mesure sont pourtant la clé de voûte de la réussite d’un projet ou d’une réforme en gestion des matières résiduelles.
Nous ne sommes pas dans le film Jusqu’au bout du rêve où il suffit simplement de construire un terrain de baseball pour que viennent les joueurs.
Je dis toujours que le succès de l’implantation d’infrastructures ou de mesures en gestion des matières résiduelles dépend de la participation des citoyens. On a beau avoir les plus belles et les plus grosses infrastructures X ou Y pour le traitement de nos matières résiduelles, si le citoyen ne participe pas, ou participe mal, les résultats sont à l’avenant.
Le citoyen lambda n’aime pas les changements dans ses habitudes, particulièrement quand ça concerne ses poubelles ou leur gestion. Parlez-en à des municipalités qui se font systématiquement appeler si un camion ne passe pas le jour prévu pour ramasser les ordures, suite à un bris mécanique, par exemple. L’ajout d’un troisième bac fait grincer les dents de plusieurs, des barricades risquent de se dresser devant la volonté (légitime) d’espacer les collectes de déchets. Bref, on est attachés à nos vidanges et on ne veut pas trop que ça change…
Mais là, une révolution s’annonce dans la GMR.
Ce n’est pas moi qui le dis, mais bien le ministre Charette lui-même. Et l’élargissement de la consigne fait partie de cette révolution pour réduire nos déchets. Ceux et celles qui me connaissent savent que je suis un partisan de la consigne élargie depuis longtemps.
Mais là, la révolution va s’enclencher, sans appel, le 1er novembre prochain. Dans sept petits mois exactement.
Elle va bouleverser nos habitudes de gestion de nos matières résiduelles dans nos chaumières. Nous allons, par exemple, devoir conserver un certain temps nos contenants de boisson dans un endroit dédié, sans les écraser pour gagner de l’espace.
Nous allons aussi peut-être avoir un choc à la caisse quand nous aurons à payer 9,60 $ sur les 4 cartons de 24 bouteilles d’eau que nous avons achetés… (ça, en tout cas, ce n’est pas nécessairement une mauvaise chose…).
Nous allons rouspéter quand on se fera refuser le retour de nos contenants à notre dépanneur préféré ou à notre magasin d’alimentation qui ne se sera pas converti en lieu de dépôt pour la consigne…
Vous imaginez le lendemain de l’Halloween cette année ? Cette impression de fin du monde qui se poursuivra dans les rues pendant des jours, des semaines… Parce que les citoyens n’auront pas été informés des impacts que cette réforme sur la consigne aura eus sur eux !
Plus tôt, je parlais de la nécessité que le citoyen s’approprie les mesures en gestion des déchets qui le concernent, qu’il les comprenne et les fasse siennes.
L’élargissement de la consigne en est l’exemple parfait.
En apparences simples, les changements d’habitudes que l’élargissement de la consigne demanderont aux citoyens pourraient avoir des conséquences négatives sur le taux d’adhésion envers cette démarche. Non pas qu’elle n’est pas nécessaire ni souhaitable, mais simplement parce qu’elle n’aura pas été annoncée, diffusée ou expliquée largement à l’ensemble de la population.
Les gens n’aiment pas être bousculés, surtout lorsque ça concerne leurs poubelles. C’est assez étrange, mais c’est comme ça.
Ce serait donc peut-être le temps que l’on pense sérieusement à faire une campagne de sensibilisation mur à mur sur l’élargissement de la consigne. Télé, métro, médias sociaux, radio ou journaux, rien ne devrait être écarté et surtout, rien ne devrait être pris pour acquis.
Longue vie à la révolution !