Édito d’été dopé

La cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris a été grandiose, tant par son audace, que par son exécution. Ses innovations n’ont laissé personne indifférent. Je dois même admettre que le petit (!) côté chauvin des Français a fait place à une ouverture certaine en mettant à l’avant-scène des artistes telles Lady Gaga ou notre Lady Céline de Charlemagne.

Là où j’ai un peu déchanté, c’est lorsque ces jeux ont été présentés comme étant des jeux zéro déchet… « Zéro déchet et zéro plastique à usage unique », nous disait-on dans « Notre engagement pour Paris 2024 » du comité organisateur de ces jeux olympiques. 

À grand renfort de propos lénifiants, ces jeux se sont drapés des vertus de l’économie circulaire.

Il faut savoir notamment que Coca-Cola est le principal commanditaire de ces jeux et le distributeur exclusif de la vente et la distribution des boissons sur les différents sites. La compagnie nous sert effectivement des boissons dans des contenants réutilisables, mais qui sont eux, remplis à partir de bouteilles à usage unique en plastique ! Aussi, peut-on lire dans différents médias, ces contenants réutilisables sont parfois très difficiles à retourner et qu’ils sont surtout conservés par les gens comme souvenirs, car à l’effigie des JO.

Il y a aussi ces fameux lits en carton présentés comme la quintessence de la circularité car entièrement recyclables. Les matelas en plastique recyclé seront donnés et les couvertures, offertes aux athlètes. Mais les lits ? Au nombre de 26 000, les sommiers de cartons sont faits en France, mais les matelas au Japon. Ce qui est le plus aberrant dans tout ça, c’est que ce sont des lits à usage unique ! C’est là que j’ai l’impression que le concept de l’économie circulaire est étiré à son maximum.

Ne vous méprenez, j’adore les Jeux olympiques. J’ai toutefois un petit problème lorsqu’on veut me les présenter comme un événement écologique. Pourquoi ne pas simplement admettre que ce genre de manifestation a une empreinte environnementale très lourde ? Et ça, c’est sans parler de ses impacts sociaux et économiques. Souvenez-vous de la gentrification forcée à Barcelone en 92 ou du gouffre financier des jeux de Montréal en 1976.

Les jeux de Paris, comme tous ceux qui suivront d’ailleurs, devraient être analysés dans un processus d’amélioration continue. Moins, mieux et pour plus longtemps, comme ils disent. 

Il serait peut-être souhaitable que la Commission sport et environnement du Comité international olympique resserre quelque peu l’application et le suivi de son Agenda olympique 2020. Peut-être serait-il même pertinent de revoir la façon dont les Jeux olympiques sont organisés dans leur ensemble de même que les coûts sociaux et économiques qu’ils engendrent. Les JO sont devenus une grosse business que plusieurs pays n’ont pas les moyens d’organiser et qui laisse parfois de profondes cicatrices.

Badinage estival

Depuis quelques semaines, je suis littéralement envahi de toute part par un rapport technique vantant les vertus de recyclabilité de certains types de contenants à longues fibres. D’accord soit, mais j’aimerais qu’on me dise d’où proviennent ces fameuses fibres qui servent à fabriquer ces contenants et où ces dits-contenants sont fabriqués avant qu’ils ne soient utilisés pour y mettre nos boissons préférées ? Et je ne parle même pas du pourcentage de ces contenants récupérés chez nous et effectivement recyclés.

Bon été !


Éditorial paru dans l’infolettre de juillet 2024

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